L’autonomie des administrateurs sur leur propre site web est un sujet qui suscite de nombreuses interrogations et attentes divergentes de la part de mes clients. Que ce soit lors de la création d’un site web ou dans le cadre d’une refonte, les utilisateurs expriment parfois des frustrations ou des incompréhensions quant à leur marge de manœuvre. Pour certains, même les tâches les plus simples semblent hors de portée, tandis que d’autres souhaitent intervenir bien au-delà de leurs compétences techniques, mettant ainsi en danger la stabilité de leur site. Revenons sur les attentes, les capacités et les limites d’autonomie de chacun.
L’autonomie perçue et l’autonomie réelle : un décalage constant
La question de l’autonomie varie énormément d’un client à l’autre. Je passe d’un extrême à l’autre, on me demande un devis pour la refonte d’un site, car il est assez compliqué voir impossible de faire des modifications trés simples sur leur site actuel, comme d’aller corriger un peu de texte, et qui nécessite une intervention (facturée) du webdesigner. Et à l’autre extrême, j’ai un client dont le nouveau responsable de la communication veut que je lui explique rapidement comment il va pouvoir changer le design, réorganiser la structure du site, ajouter des fonctionnalités, alors qu’il n’a aucune connaissance des outils, du codage, des usages, des bonnes pratiques… J’ai aussi des gens peu expérimentés qui se mettent à vouloir assurer la maintenance de leur site Internet et qui après quelques mois se retrouvent avec un site avec de gros problèmes d’affichages, des alertes de sécurité…
Ainsi, il est évident que les limites de l’autonomie sont perçues différemment selon les utilisateurs. Certains clients se sentent entravés par les contraintes techniques de leur site, tandis que d’autres surestiment leurs capacités à intervenir de manière autonome. Ce décalage pose la question de l’équilibre à trouver entre autonomie et assistance professionnelle.
Créer un site modifiable tout en définissant des limites
Lors de la création d’un site web, j’essaie de donner à mes clients une autonomie maximale pour la gestion de leur contenu. L’objectif est de leur permettre d’intervenir facilement sur des éléments comme le texte, les images, ou les actualités, sans avoir à passer par un professionnel pour chaque modification mineure. Cependant, il est rare qu’ils soient en mesure de manipuler les éléments plus techniques comme le design global ou l’ajout de fonctionnalités personnalisées, car cela requiert des compétences spécifiques.
Un autre problème récurrent concerne la gestion des images, souvent mal dimensionnées ou dans des formats inadaptés pour le web, ce qui nuit à l’apparence et aux performances du site. Pour pallier ce genre de soucis, je propose des tutoriels et des vidéos explicatives pour guider mes clients pas à pas dans ces aspects techniques, en espérant qu’ils consultent ces ressources avant de tenter des modifications importantes eux-mêmes.
L’influence de l’âge et de l’expérience sur l’utilisation des outils
Un autre facteur important réside dans l’âge et l’expérience des utilisateurs. En règle générale, les personnes entre 25 et 35 ans, souvent qualifiées de « Digital Natives », ont une compréhension plus intuitive des outils web comme WordPress ou des logiciels de retouche d’images. En revanche, les « Digital Immigrants », les personnes de 60 ans et plus qui n’ont pas grandi avec Internet, peuvent ressentir davantage de difficultés avec ces technologies. Bien entendu, il existe des exceptions : certains retraités sont très à l’aise avec les nouvelles technologies, tandis que certains jeunes adultes sont moins familiers avec les compétences de base pour gérer un site web.
Ce constat m’amène à adapter mes méthodes d’accompagnement en fonction du profil de chaque utilisateur. Les tutoriels, qu’ils soient sous forme de vidéos ou de documents écrits, doivent être clairs et accessibles afin de permettre une bonne compréhension de la part des utilisateurs, quel que soit leur niveau d’expérience. Les clients moins à l’aise peuvent ainsi se familiariser à leur rythme, tandis que ceux plus à l’aise peuvent se concentrer sur les aspects avancés.
Le choix des outils : l’équilibre entre simplicité et flexibilité
Le choix du CMS (système de gestion de contenu) est déterminant pour la facilité d’usage. J’ai personnellement opté pour WordPress, reconnu pour son interface intuitive et la flexibilité qu’il offre aux administrateurs. L’éditeur Gutenberg permet, par exemple, de créer des pages relativement riches en contenu sans compétences techniques avancées. En complément, j’utilise parfois Elementor, un constructeur de page plus élaboré mais nécessitant un peu de formation pour en tirer pleinement profit.
D’autres CMS, comme Joomla ou SPIP, sont plus techniques et moins intuitifs. Ces outils conviennent souvent mieux aux développeurs expérimentés, car ils imposent des cadres restrictifs aux administrateurs et sont moins ergonomiques. En revanche, WordPress permet à un utilisateur d’ajouter facilement du texte, des images, et même des vidéos, avec un minimum de formation. Cependant, cette liberté nécessite un minimum de prudence et de respect des bonnes pratiques pour éviter de surcharger la structure du site ou d’altérer son design.
Former les clients pour une autonomie raisonnée
Pour garantir une bonne utilisation de leur site, je fournis à mes clients une formation adaptée dès la mise en ligne du site. Je crée pour eux un compte administrateur, identique au mien, afin qu’ils puissent accéder à toutes les fonctionnalités nécessaires. Pour leur permettre d’être autonomes dans la gestion des contenus, je réalise des vidéos tutoriels qui expliquent le fonctionnement du site et les étapes à suivre pour des modifications simples. Mais, malheureusement, il n’est pas rare que certains clients visionnent ces vidéos seulement après avoir tenté des modifications hasardeuses ayant conduit à des dysfonctionnements. Dans ce cas, les sauvegardes (backups) et les révisions deviennent essentielles pour restaurer le site dans son état initial.
Autonomie vs expertise : un équilibre essentiel
En conclusion, bien que la plupart des utilisateurs soient en mesure, avec un peu de formation, d’ajouter des contenus, d’effectuer des modifications mineures, ou d’insérer des médias dans les pages de leur site, il existe des limites à ne pas franchir. Changer le design d’un site ou ajouter des fonctionnalités complexes reste un exercice réservé aux professionnels. En tant que webdesigner, je m’efforce de trouver le juste milieu entre fournir une autonomie optimale aux administrateurs et rappeler l’importance d’une intervention experte pour les tâches plus techniques. L’autonomie est un atout, mais elle doit être mesurée pour éviter des erreurs qui pourraient compromettre le bon fonctionnement du site.